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Communiqué de l’association adressé aux parents d’hikikomori

La phénoménologie n’existant quasiment pas en France, le phénomène hikikomori n’est à l’heure actuelle pas étudiée dans aucuns cursus psy.

Je ne prétends pas avoir les bagages pour expliquer ce phénomène à des psychologues/psychiatres.
Néanmoins de nombreuses études ont lieux au Japon et en Italie. Ce qu’il en ressort dans les faits, c’est qu’il s’agit d’un état psychosocial.
Ce phénomène n’est observé que dans les milieux ou la famille a une grande importance.
Il existe de nombreux cas hikikomori dans des pays pauvres, il ne s’agit donc pas d’un phénomène lié à la société de consommation.
Les travaux de Vosot Ikeida a pu mettre en lumière de nombreux cas hikikomori ou on ne pensait pas en trouver. Aussi, le psychiatre Tamaki Saito, le premier à avoir mis un nom sur ce phénomène en 98 au Japon, a depuis lors changé la définition pour correspondre au mieux à la réalité. Au départ il s’agissait surtout d’une observation chez les adolescents et jeunes adultes.
La population vieillissant, et voyant que de très nombreux cas d’hikikomori restaient inchangés sur le fond, c’est-à-dire isolement social prononcé, la définition s’est étendue à toutes les tranches d’âges.

Aujourd’hui au Japon il est très difficile de donner des chiffres, car beaucoup vivent dans la honte de leur état. Et Au Japon la honte est un mal enraciné dans la culture. Aussi il était question de plus d’1 million d’hikikomori recensés, il s’agit là uniquement d’une estimation, comprenez bien que les hikikomori ne vont pas aller remplir un papier pour avouer à la société qu’ils sont hikikomori..
Avec l’élargissement de la tranche d’âge, il est désormais trop difficile de donner un chiffre qui s’approche de la réalité.

Lorsque je dis “sur le fond”, dans la forme les hikikomori évoluent différemment selon leurs personnalités, leur environnement social. Certains travaillent à distance, d’autres vivent des aides, pas tous finissent avec une fin tragique. Certains arrivent aussi à trouver un travail épanouissant tout en restant en retrait du monde.
Ce que je veux dire par là c’est que voir votre fils/fille devenir SDF un jour, ou pire, suicidé, n’est pas du tout une fatalité. C’est une idée que vous devez mettre de côté pour le bien de votre enfant.
Si vous ne croyez pas en lui, déjà qu’il ne croit pas en lui-même, alors soyez certain qu’il sera perdu, gardez donc espoir pour votre bien mais aussi le sien.

Au Japon, des aides ont été donnés, plus de 20 millions d’euros afin d’aider les hikikomori, des entreprises spécialisées en télétravail se sont ouvertes pour n’embaucher que les hikikomori, bref tout ceci est due à 20 années de combats sociaux de la part des parents. Car qui d’autres que vous, pouvez-vous battre pour le bien de votre fils/fille qui lui a abandonné toute idée que le système lui vienne en aide un jour (ce même système qui a chez beaucoup, causé énormément de traumatismes).
Les premiers combats étaient de l’ordre de ce que l’on a aujourd’hui, c’est-à-dire faire connaître le phénomène, qu’il soit étudié, et surtout qu’il y ait un recensement. Pour que cela soit fait, le phénomène doit être largement connu du public. En France on en est qu’au tout début, donc ne paniquez pas, les choses avancent pour la première fois depuis 20 ans (Car oui on a 20 ans de retards sur le Japon et sur l’Italie, et un peu moins sur les USA)
Que l’on soit clairs sur la nature du phénomène, il ne s’agit pas d’une maladie, on ne naît pas hikikomori, on le devient suite à des traumatismes divers (tout trauma, cumulatifs, peuvent mener à l’isolement social). Ce n’est pas une pathologie, ce n’est pas lié à la physiologie ou l’anatomie. Ce n’est pas un caprice ou une crise identitaire, crise d’adolescence ou autres. Il s’agit dans les faits, d’un état psychosocial. Petite définition pour mémoires : Psychosocial est un terme qui décrit chez une personne, son développement psychologique et son interaction dans un environnement social.
Certains peuvent aussi parler de mode de vie, car, en effet c’est une façon différente d’aborder la vie, de la vivre. Mais ça reste en termes cliniques avant tout un développement psychologique due à l’environnement social de la personne.

Certains pourraient mal le prendre, si vous vous sentez coupables en tant que parents, si vous avez faits des erreurs, et tout le monde en fait, vous pourriez vouloir une explication différente. Il serait alors plus facile, moins culpabilisant de parler de “maladie” ou “pathologie”. Mais là n’est qu’une question de votre point de vue, et si c’était uniquement à vous que reviendrait la faute, alors “soigner” votre enfant serait une chose très simple, il suffirait de s’excuser et faire amende honorable. Seulement, vous n’êtes en tant que parents, pas le seul environnement social qu’il a connu. Il y a l’école, les “amis”, l’entourage plus ou moins proche, et tellement de facteurs déterminants que si vous étiez seul responsable, ce serait alors préférable et facilement corrigeable.. Hors, prenez bien conscience que la culpabilité ne vous aidera ni à aider votre enfant, ni à le comprendre. À moins que vous ayez violé votre fils/fille vous-même, je ne vois pas pourquoi vous devriez vous sentir coupable.
Si vous voulez pointer du doigt un coupable, commencez par l’éducation nationale, le harcèlement scolaire, les proches qui ont pu lui faire du mal, l’hyper-compétitivité du système actuel, les inégalités sociales, les injustices sociales, le racisme, l’homophobie, l’intolérance, tout ce qui fait qu’on vit dans un système dit “non-inclusif”.
Passé outre le cap, comprenez que les hikikomori sont pour la plupart hypersensibles, sans parler des différences neurologiques comme l’autisme qui est un spectre très large et encore de nos jours, largement incompris, les hikikomori ressentent avec plus d’intensité ces mêmes sujets qui les rendent malades de vivre dans une telle société.

Ceci étant dit, notre association a pour vocation de créer les “ponts” pour aider au mieux les parents comme les hikikomori. Mais c’est à vous parents de poser les pierres qui petit à petit vont créer des chemins vers l’entraide. Aussi, nous cherchons activement tout contacts dans le milieu psychologique et psychiatrique (anthropologique, sociologie etc..), afin de mener ces personnes à nous et à vous. Un exemple concret est une psychologue qui est venue et a été acceptée dans les groupes afin d’observer, étudier et comprendre le phénomène. Ce genre d’initiatives est hautement approuvés. Nous prenons aussi contacts avec le peu de psy qui travaillent dans le milieu afin d’avoir des échanges. Le mieux serait que dans un avenir proche, les psychologues puissent être formés pour pouvoir se déplacer au domicile d’un hikikomori afin de lui apporter une aide psychologique, ce qui se fait beaucoup au Japon, ce qu’on appelle des “intermédiaires”.

À vous aussi de nous et vous aider, si vous connaissez de bon psychologues ou psychiatres SURTOUT hésitez pas à faire tourner les contacts, on préparera en amont, un listing par région si la liste s’agrandie. Si vous prévoyez d’aller en parler à des psychologues, n’hésitez pas à le faire, et n’hésitez pas à faire tourner le groupe facebook afin qu’ils puissent venir explorer la situation d’eux-mêmes.
Si vous voulez encore plus vous impliquer, vous pouvez vous regrouper par région et créer des associations, vous pourrez toujours compter sur notre aide pour avoir une visibilité et un partage des contacts !
De notre côté nous feront tout pour mener au bout notre cheval de bataille, qui est de faire connaître et comprendre le phénomène hikikomori au plus grand nombre possible, via nos contacts dans les médias, et en utilisant notre propre média qui est le site internet de l’association. Nous n’arrêteront pas d’évoluer pour le bien de tous, peu importe le temps que cela prendra.
Nous ferons également de notre mieux pour pousser les hikikomori à continuer de communiquer par internet, ce qui reste actuellement le meilleur moyen pour faire garder aux hikikomori un lien social avec l’extérieur.

Toutes les bonnes idées sont la bienvenue, par exemple au Japon comme en Italie, d’anciens hikikomori dans des associations, prennent le rôle d’intermédiaires afin d’aller parler aux hikikomori, les aidés à se rouvrir. On n’en est pas encore là dans la structure mais si on était plus nombreux à s’investir, dans l’avenir ça pourrait être une possibilité.

Car là est tout le challenge. Vos enfants hikikomori ont été traités de feignants, d’incapables, d’inutiles, de parasites, de capricieux, d’enfants gâtés pourris, de nolife, d’idiots paresseux, par le monde, par les médias qui traitent malhabilement le sujet depuis plus de 20 ans, nous avons été traités de tous les noms depuis si longtemps que beaucoup ont perdus la foi en eux-mêmes.

Donc là est le challenge, briser le silence. Faire passer ce qu’ils pensaient être le statut de coupable à celui d’une victime, et ce n’est qu’à partir du moment ou on réalise qu’on a été une victime, que l’on peux commencer un processus de guérison psychologique.

Personnellement, je pense que le phénomène est largement sous-estimé en France, on a été cachés sous le tapis, au milieu des chômeurs longue durée et RSA SOCLE, sans parler de ceux qui ont été virés du pole emploi années après années pour enjoliver les statistiques sur le chômage…
Tôt ou tard la société devra reconnaître notre existence, et devra y répondre par des actes. Nous serons toujours là, et nous observeront les politiques. Seuls nous sommes des hikikomori invisibles. Ensembles nous sommes une force plus grande.

Gardez espoir, ne perdez jamais espoir, le documentaire a eu l’effet d’un électrochoc pour beaucoup d’entre vous, mais ne cédez pas à la panique, vous êtes encore vivants, ensemble vous pouvez encore faire quelque chose pour les générations futures. Pas à pas, briques après briques, nous construiront les ponts qui vous réuniront vous, votre enfant, et votre avenir.
Sincèrement, avec tout notre soutiens. L’équipe de Hikikomori France.
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8 thoughts on “Communiqué de l’association adressé aux parents d’hikikomori”

    1. Bonjour maman d’un hikikomori sur Bayonne..je pense qu il faudrait une prise en charge financière de l état et de mutuelles pour les psychologues…car ca coûte cher..et aucun remboursement n’est prévu..une sensibilisation du ministre de la santé doit être faip..Régine MENDY

  1. Bonjour,
    Il m’a fallu plusieurs jours pour digérer le reportage de F5. C’est la 1ere fois que je vois une description qui ressemble à mon fils….
    Il a 33 ans, coupé de la société depuis 12 ans…
    Il perçoit le rsa. Mais n’a même plus de carte vitale. Disparu des fichiers de la secu…. Et impossible pour lui d’aller faire les démarches. Ce n’est qu’un exemple…
    Quel “soulagement” de lire des témoignages de gens qui nous comprennent !
    Je finis là, l’émotion est trop grande et je ne sais plus quoi dire.
    MERCI.
    Corinne, la maman d’E.

  2. BONJOUR
    moi aussi j ai ete bouleversée par ce reportage car je vis la meme chose avec mon fils de 20 ans depuis 6 ans
    il s est descolarisé en 3è et joue aux jeux video jour et nuit en plus il est devenu obèse
    j ai essayé la maison des ados ,un centre d etude et soins, la mission locale, des formationsetc…mais aucun resultat
    je suis aneantie car en plus j ai un cancer du sein agressif mais meme ca il n a pas de declic
    je ne sais pas si il a ete harcelé à l école ou si c est le divorce ou le déménagement il ne dit rien il dit qu il a tout raté c est tout
    nous habitons en ardeche et il n y a pas d aide
    MYRIAM maman de NICO

  3. Bonjour, je suis à la recherche d un psychologue formé sur le sujet . J’ habite dans le Val de Marne à Champigny sur Marne.

  4. Bonjour
    Je pense que mon fils Alexandre 23 ans est atteint de ce syndrome
    Depuis plusieurs années il se renferme de plus en plus
    Depuis quelques temps il ne prend même plus ses repas à la salle à manger tout se passe dans sa chambre
    Il ne supporte pas que je regarde la télé je suis obligée de baisser le son quand il fait une apparition
    Par contre il se gère pour ses courses qu’il fait sur internet ses repas et sa lessive
    Par moments il me fait peur car il a des comportements violents claquement de portes marche très rapide dans la maison dès que je l’entend sortir de sa chambre je suis très inquiète
    Ses frères plus âgés que lui ne comprennent pas et le traitent de feniant
    Ils me poussent même à vendre la maison pour qu’il prenne son indépendance
    Le 2 janvier nous avons eu un repas de famille il n’est même pas sorti de sa chambre de toute la journée pour s’alimenter

  5. Bonjour, merci pour votre site dont j’ai eu connaissance par un ami qui a lui-même un neveu Hikikomori. Cela fait du bien de lire que nous ne sommes pas les seuls et que cet état psycho social a été défini et porte un nom. Et de se dire que nous, parents, ne devons pas culpabiliser: en effet cela ne sert à rien et est contre productif… Voilà plus de 10 ans que mon fils (29 ans) vit reclus dans sa chambre avec une période de quelque 2 ou 3 ans où il a vécu avec sa copine. Relation qui a pris fin il y a un peu moins d’un an suite à la prise de conscience-qui a commencé à s’opérer lors du 1er confinement- qu’ils n’avaient pas grand chose à partager. Aussi, son isolement a alors repris avec crises d’ angoisses, boulimie, repli total. Aussi a t il quitté son amie et est revenu à la maison. Son comportement reclus est parfois “émaillé” par des périodes de travail, de jours passés chez son frère jumeau ou chez son père dont je suis séparée. Sinon ses journées se passent devant l’ordinateur, rythmées parfois par les repas, leur préparation, les courses en ma compagnie.

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