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Témoignage de Fafa.L

Un instant, une pensée dans un bref moment de ma vie.

Une année de plus dans ma bulle, une année de plus dans mon monde sombre, dans le froid (depuis mon tout premier appartement à l’âge de 23 ans je n’allume pas le chauffage, trop cher), sans que la moindre personne en dehors d’ouvrier en de rares occasions, franchissent le pas de ma porte. Trop petit. A peine 11m² avec l’ameublement. Une année de plus à être ignoré par toute une famille, ils sont plus d’une quarantaine aujourd’hui et moi je suis seul, encore aujourd’hui je n’arrive pas à expliquer pourquoi autant de monde et aucun n’a cherché à prendre de mes nouvelles sous aucune forme alors que de mon coté j’ai essayé. Et ces gens vont à l’église, prient un Dieu, parlent de bonté, de gentillesse, de faire de bonnes et grandes actions autour d’eux et de donner de l’amour. Mais pas à moi, non.. non, pas à moi ! Je ne l’explique pas.

Ma mère à eu énormément de mal à me faire accepter par sa famille, sa famille à voulu m’arracher à elle, ma mère me dit qu’elle était heureuse de m’avoir malgré sa relation conflictuelle avec sa famille. Mais d’un autre coté, elle m’a fait garder par des gens parfois gentils, parfois violents, s’est mariée avec un homme qu’elle n’aimait pas forcément juste pour que j’ai un père, m’a t-elle dit bien des années plus tard, mais celui-ci se servait de moi comme d’un sac de frappe quand l’envie l’en prenait.

Le peu de fois où j’allais chez mes grands parents, on me cachait, on m’enfermait dans un placard quand pour eux je n’étais pas sage. On me frappait les coudes avec un manche de couvert à table pour m’apprendre à manger sans mettre les coudes sur la table, on me plaçait une rêgle entre les barreaux de la chaise et ma chemise pour apprendre à avoir le dos droit à table.

Jusqu’à l’âge de 13 ans j’ai toujours cru que l’amour, c’était un mélange de violence, de punition, et que tout ce que les adultes disaient sur mon compte (même les mensonges) était ce que je méritais. Ma mère elle même qui me dit des années plus tard que malgré tout elle m’aimait, s’amusait durant des années à dire aux gens que j’étais un mauvais garçon, un ingrat, que je lui pourrissais la vie. De tel que les deux personnes qui me l’ont appris sont mon employeur et un type que seul ma mère connait, qui souhaitait rencontré ce fils si mauvais qu’elle avait.

Ma patronne a su l’envoyer bouler, du coup ma mère a tourné les talons en boudant, m’a t’elle expliqué (ma patronne) ce qui l’a faite rire. Le type quand à lui, a voulu jouer les médiateurs après avoir expliqué à ma mère que tout ce qu’elle racontait était un mensonge. Et ce regard de jalousie qu’elle me lançait à chaque fois qu’une personne lui faisait comprendre qu’elle devrait être plus attentive avec son fils.

Mais non, elle n’avait jamais le temps, la télé était tellement plus importante, ma voix lui faisait peur, et tout les mois une ambulance passait pour lui faire un lavage d’estomac, et de temps en temps elle me regardait en me disant “de toute façon personne ne m’aime, je veux mourir !” . Un jour quand j’ai eu 16 ans, j’ai ouvert le balcon, croisé mes doigts, et je lui ai dit “aller viens m’am je vais t’aider à sauter”.

j’ai toujours voulu que ça s’arrange entre nous, qu’on ait une véritable relation mère fils, mais malgré tout mes efforts de mon coté, mes tentatives de l’aider, en étant gentil, en la secouant, en l’encourageant à se battre, à dire leur 4 vérités à ses parents. Malgré tout ça, elle m’a toujours envoyer bouler. Ignoré.

Aujourd’hui encore j’essaie de la motiver à me dire et me raconter quelle est mon histoire, d’où je viens, qui est mon père, qui je suis..

Le fils d’un violeur, un type avec qui elle a sympathisé dans une clinique de repos et qui aurait abusé d’elle alors qu’elle était sous médoc, elle y était a cause d’une tentative de suicide. Bien plus tard elle me dit que son violeur c’est son père, puis encore plus tard elle me dit que c’est pas vrai, puis elle me dit que mon père s’appel Ali et qu’il lui avait offert un disque de musique un 45 tours, qu’il est d’origine kabyle puis plus tard elle me dit qu’elle ne le connait pas. Et quand bien des années plus tard je lui rappelle toutes les versions qu’elle m’a données, elle me dit qu’elle n’a jamais dit ça.

Je comprends qu’un viol est traumatisant, mais c’est aussi traumatisant de ne pas savoir qui on est et d’où l’on vient, qui sont les personnes à aimer dans tout ça, et qui peut bien m’aimer parmi toutes ces personnes, celles qui devraient être là pour m’en parler. Mais personne.. Personne n’est là.. Et mon psy me demande de faire avec, d’apprendre à me construire sans rien savoir, sans rien connaître, d’apprendre à m’en sortir seul, de ne compter sur personne. Alors que le moteur de l’évolution se fait en fonction des personnes qui nous soutiennent. Enfin c’est ce que j’aime à croire. Mais apparemment je me tromperais ? Depuis le début je me trompe.. Je ne mérite en rien d’être soutenu, d’avoir des amis, une famille, qui me poussent à aller de l’avant, qui viendraient me chercher chez moi pour une balade ou autre.

Quand je vois le monde, je vois un vide émotionnel tellement béant que la seule chose qui me rassure c’est d’être chez moi, au moins là je sais pourquoi je suis seul. C’est parce que je l’ai choisi.

Depuis que je suis sur Hiki.fr, on se parle pas beaucoup, mais je sais que certains répondent et d’autres lisent. Quoi qu’il en soit. J’apprécie chacune des attentions, même absente, car j’arrive à imaginer une personne qui ne se sent pas encore capable ou l’envie de répondre pour des raisons qui lui sont propres. Qu’importe..

Je pense que je suis un humain raté, car pour être un humain, il faut être mauvais et ambitieux, savoir être cruel, se foutre de tout, ne pas hésité à poignarder dans le dos, à trahir, à haïr, a juger, à se moquer, à méprisé et aimer sélectivement et quand l’envie nous prends. Je suis inhumain.

J’ai pas envie d’être un humain, car un humain c’est moche, c’est laid, tellement qu’aujourd’hui plus rien ne m’étonne, car je sais que l’être humain est capable de tout, autant une personne peut être une personne admirable, autant cette même personne peut être monstrueuse. Ceux qui la respecte te diront tout ce qu’elle a fait de bien et te feront passer pour un menteur, et d’autre te diront tout ce qu’elle a fait de mal, et te feront passer pour un menteur. Mais tout le monde dira “je veux le voir pour le croire”. Finalement la solitude te permet de réaliser que tu es peut être vraiment tout seul.

Le monde est hypocrite, faisant partie de ce même monde, je serais alors aussi hypocrite que tout ce qui vit dans ce monde. Le fait d’accepter, qu’une part de moi est hypocrite, jaloux, méprisant, méchant, arrogant, dépourvu de sens moral, qu’il peu m’arriver d’être le plus pourri lorsque l’envi me prend. Qu’est ce que ça fait de moi, certainement pas un humain, car un humain a toujours tendance à crier haut et fort qu’il n’est rien de tout ça, qui le refuse à la face du monde, par peur d’humiliation, de scandale, d’être juger, de ne jamais être aimer..

Des gens autour de moi, aiment dire que je suis une bonne personne, qui aide sans compter, mais sait dire non quand il est nécessaire, quelqu’un de sensé et un peu loufoque. Qu’ils ne comprennent pas comment une personne comme moi ne vis pas une vie de famille épanouie, avec des enfants merveilleux.. Comment une telle personne que moi soit encore seule. D’après eux, je suis gentil, amusant, toujours à l’écoute, toujours le mot encourageant, le bon conseil pour permettre de mettre un pas de l’autre. Les gens se sentent apaisées à mon contact.. Bref un bon pote, un bon ami, et un bon mari.

Pourtant, toute les personnes dont je suis tombé amoureux, m’ont fui : comme je ne suis pas jaloux alors cela signifie que je n’aime pas. Pour moi, seule la confiance en l’autre en son amour pour moi et son intelligence à faire et dire ce qu’il faut pour se défendre d’une situation gênante, que la communication est importante, même si elle risque d’être décevante, ou triste, mais il est toujours possible d’apprendre à respecter les choix et les décisions, il peut y avoir de la colère, mais pas de la haine. On peut pardonner, même s’il reste un peu d’amertume. Mais quoi qu’il en soit, quand on aime une personne c’est qu’on a choisi de l’aimer en acceptant que par moment elle fasse des erreurs, des maladresses, qu’elle se fâche, qu’elle soit étourdite, qu’elle mente par moment, pour enfin parler quand elle sera prête.

Mais peut-être que ma vision du couple de l’amitié, est faussée, car je n’ai jamais eu de père, ni de mère pour m’apprendre la véritable nature/culture humaine. Quand j’écoute ou lis certain livre ou article, j’ai l’impression que je me suis trompé quelque part dans ma façon de penser, mon auto éducation des valeurs et toutes choses dans la vie sont erronées. Pourtant je suis persuadé que je ne me trompe pas. Je n’ai pas besoin d’une religion pour savoir que le pardon est une force et non une forme de faiblesse. Que l’humiliation n’existe pas, sauf si on donne de l’importance à ce que les autres pensent de soi.

Les gens ont une peur viscérale de l’humiliation, à un tel point qu’elles peuvent en devenir mauvaise pour s’en protéger.

Il y a des personnes qui disent oui à tout et tout le temps, par peur de ne pas être suffisamment aimé, tout en sachant qu’en vérité on ne peut pas être aimer par tous. Mais malgré tout elles vont dire “OUI” même à des salauds, des cons, et dire de vive voix, qu’elle ne comprend pas ce qu’elle à fait de mal pour que ces personnes lui crachent à la gueule et cause de leurs “OUIs” non assumé. Elles vont partir du principe que dans leur existence elles ont étaient méchantes voir même dans un autre vie. Alors qu’en vérité ces personnes qui disent oui à tout, on tellement manqué d’amour durant leur enfance ou leur relation, qu’imaginer une personne ne les aime pas signifie qu’elles sont de mauvaises personnes. Je sais que c’est viscérale, j’ai été comme ça moi aussi, un temps, puis j’ai réussi à faire la part des choses et savoir me défendre des personnes toxiques. Ces personnes qui abusent de vous et vous pompent toute votre énergie émotionnelle et vitale, parfois de votre portefeuille et qu’une fois que vous avez le malheur de leur dire NON, vous montre a quel point ils n’ont rien compris de qui vous étiez pour eux. Une/un véritable ami/e et non un marche pied.

Et sont les premiers à juger la qualité de votre amitié, “t’as changé, avant t’était pas comme ça, t’es devenu con/ne, je te trouvais cool maintenant t’es plus rien pour moi..” bref !

L’autre jour j’ai vu un repportage sur les Hiki mais j’ai coupé le son, car toutes ces vidéos ne parlent que de supposition et d’interprétation sans aucune réel recherche. Ils se fient toujours à deux ou trois cas, et généralisent pour pas se faire chier. Donnent des fourchettes et des approximation et les journalistes les transforment en affirmation.

Bref ! A un moment il y avait une scène sur une personne retrouvée morte, seule la silhouette de son corps dessinée sur le sol, démontrant qu’elle était partie depuis un bon moment. Puis je me suis imaginé moi dans cette situation. Et je ne sais pas si c’est bien ou pas, mais ça ne m’a fait ni chaud ni froid, au contraire, je me suis même laissé dire que si l’on me retrouvait ainsi ça ne serait pas grave. De toute façon, mes affaires partiraient chez les uns et les autres de ce qui reste de ma famille, et comme je n’ai fait encore aucun testament dans le pire des cas, tout partirait à la déchetterie. Mon appartement fera le bonheur d’une autre personne. Et le monde continuera de tourner comme si de rien n’était. C’est comme si je n’aurais jamais exister. Car c’est ce que je pense. une personne inhumaine comme moi, ne doit pas exister.

Pour les humains une telle pensée de soi est triste, alors que pour moi elle est naturelle.

Désolé pour le pavé. Prenez soin de vous.

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3 thoughts on “Témoignage de Fafa.L”

  1. Bonjour Fafa, je suis très triste de lire tant de désespoir et en même tant très touchée parceque je comprends ce que vous décrivez. La priorité, et je sais qu’on vous l’a répété de nombreuses fois c’est de vous aimer. Je me suis longtemps opposée à cette idée, en me disant que si personne ne m’aimait c’est que je n’en vallais pas la peine. C’est totalement Faux. Notre croyance profonde émet des énergies que certaines personnes vont capter pour nous conforter dans cette idée que notre cerveau a construite. Interressez vous aux neurosciences et méditer, moi ça m’aide énormément et j’ai 53 ans et beaucoup d’années de souffrance derrière moi. Mais je n’en veux plus devant. Votre parcours est difficile mais vous avez le droit de vivre dans l’amour et la bienveillance comme tout un chacun, en avez vous envie ? A quel point ?

  2. Merci, pour votre message.
    Est ce que j’ai envi d’y croire encore, je ne sais pas. Quand je me met trop d’espoir en tête, ma peur de souffrir, d’être déçu prend le dessus, et là mes pensées deviennent mon cauchemar, j’use alors de violence contre moi même ou me met de la musique forte dans les, oreilles afin de ne plus rien entendre, afin que la douleur physique soit plus importante que la douleur de l’âme/cœur.
    Mon mental n’est pas assez combatif pour moi même pour m’aider à voir la vie différemment. Alors que quand des personnes me parle de leur situation j’arrive parfois à leur apporter le soutien et les idées d’actions qu’elles peuvent s’apporter pour leur permettre de gravir leur montagne infranchissable.

    En lisant le minimum de votre vécu j’entends votre force qui vous a servi à passer au dessus de votre montagne. De croire en soi, à s’aimer, et donner de votre amour aux personnes qui vous fond du bien aujourd’hui.
    J’ai envi de ça aussi.
    Mais je n’arrive plus à voir cela comme quelque chose qui m’est accessible, mais comme une fiction inatteignable.

    Quand je tente d’y croire je me frustre, angoisse, m’agace, me traitant de merde, puis je me fais du mal. Et pour éviter qu’on m’isole, de me sortir de ma tranquillité, je ne me permet plus d’espérer (en le disant, je vous avoue que je me mord la langue). Un jour peut être que moi aussi j’aurai un déclic…

    Je vous souhaite de ne jamais perdre se que vous avez obtenue aujourd’hui.

    Prenez soin de vous.

  3. Bonsoir Fafa,

    Il ya un livre intitulé “ami l’enfant des étoiles” (que je peux te transmettre par mail) que je te recommande…

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